Historique de création de la Réserve naturelle nationale de la baie de l’Aiguillon
Du golfe des Pictons à la baie de l'Aiguillon
Avant de devenir une réserve naturelle, la baie de l’Aiguillon a suivi une longue évolution naturelle, puis fortement influencée par l’homme lors des deux derniers siècles. Après plusieurs années de procédures, le classement en réserve a été obtenu en 1996 pour la partie Vendée et 1999 pour la partie Charente-Maritime.
La baie de l’Aiguillon résulte du comblement d’un ancien golfe marin
À l’emplacement du Marais poitevin actuel, la mer constituait autrefois un golfe marin, parsemé d’îlots calcaires, qui s’est progressivement comblé, par sédimentation marine et grâce aux alluvions fluviaux, mais aussi sous l’action humaine.
Les populations locales ont, de longue date, trouvé des moyens de subsistance en exploitant les ressources naturelles du site, notamment par la chasse et la pêche. Ces pratiques étaient encore très présentes jusqu’à une période relativement récente (XIXe, début du XXe siècle). Les métiers actuels des conchyliculteurs prolongent ce lien avec un milieu particulièrement productif.
À partir du XIe siècle, ce sont les moines bénédictins, puis cisterciens, qui ont préfiguré le marais, en réalisant les premiers endiguements et assèchements. Le travail des moines, installés par de grands seigneurs féodaux pour aménager et rendre productifs les espaces alors insuffisamment contrôlés et administrés, est en grande partie ruiné par les Guerres de Religion du XVIe siècle, dont les abbayes ne se remettront pas totalement.
La relève est prise par des investisseurs privés, sous l’impulsion du pouvoir central (Louis XIII). Le premier dessèchement moderne, celui du Petit-Poitou, est réalisé dans les années 1640 grâce à des capitaux étrangers, ceux d’un financier des Pays-Bas, en association avec d’autres investisseurs locaux.
Le marais dit « desséché » est ainsi constitué de casiers réalisés successivement, isolés des marées par une digue de front de mer et protégés des crues du bassin versant par des digues de ceinture. Ces dernières forment la séparation avec les marais « mouillés », à l’amont, dans lesquels s’épandent les eaux de crues.
La poldérisation est bien plus tardive, datant pour l’essentiel du XIXe siècle, et s’étalant jusqu’au milieu XXe siècle. Le grand projet de la période de l’après Seconde Guerre mondiale prévoyait la fermeture totale de la baie par une digue, pour la transformer en une réserve d’eau douce qui aurait servi à l’irrigation des marais desséchés. Confrontées à de fortes difficultés techniques, les réalisations se sont limitées à la création d’un polder ostréicole endigué en 1965 à Saint-Michel-en-l’Herm, le reste du projet étant purement et simplement abandonné.
Un projet de longue haleine
Proposé pour une mise en réserve dès 1959, le projet fut repris par Michel Brosselin et l’Association de Défense de l’Environnement en Vendée (ADEV) en 1972, alors que des velléités de relancer la poldérisation étaient à nouveau exprimées.
À la demande de la Fédération Départementale des Chasseurs de Vendée, la partie située au nord du chenal de la Sèvre niortaise a été classée en Réserve de Chasse Maritime.