Suivis faunistiques en baie d'Aiguillon
Les taxons à la loupe
Les oiseaux
Comptage mensuel des oiseaux d’eau
Ce suivi consiste à compter mensuellement et simultanément les principaux sites accueillant les oiseaux d’eau au sein du Marais poitevin. Ce dénombrement permet de déterminer les effectifs de limicoles hivernants et migrateurs et ainsi caractériser l’évolution des populations.
Ce comptage existe depuis les années 70 en baie de l’Aiguillon. Il nécessite 9 personnes et s’effectue par coefficient moyen de marée de vives eaux (soit de 70 à 90 généralement), deux à trois heures avant la marée haute. Chaque compteur a une zone à comptabiliser. Un bilan de comptage est réalisé après chaque opération pour mettre en commun les données et ainsi éviter d’éventuels doubles comptages.
Suivi des passereaux nicheurs
Plusieurs espèces nichent sur les prés salés de la réserve. Chaque printemps, en avril et en mai, les mâles chanteurs sont recensés et localisés, cela permettant d’estimer le nombre d’individus reproducteurs et leur répartition sur le site. Les espèces les plus représentées sont l’Alouette des champs, le Bruant des roseaux, la Cisticole des joncs, la Gorgebleue à miroir, la Linotte mélodieuse et la Bergeronnette printanière.
D’autres espèces nichent au sein de la réserve comme la Rousserolle effarvatte, la Rousserolle turdoïde et le Phragmite des joncs dans les roselières des bords de la Sèvre niortaise, la Fauvette grisette, le Rossignol philomèle, le Merle noir, le Tarier pâtre dans les milieux buissonneux et le Pipit rousseline et le Cochevis huppé dans les dunes de la Pointe de l’Aiguillon.
Suivi du Gravelot à collier interrompu
Le Gravelot à collier interrompu est un oiseau migrateur qui hiverne en Afrique et regagne les côtes européennes dès le mois de mars pour se reproduire. Cette espèce protégée au niveau national et européen niche sur les plages de la Pointe de l’Aiguillon. Entre 6 et 8 couples sont recensés tous les ans.
La femelle pond ses œufs à même le sable, dans une petite cuvette. Ils sont donc difficilement repérables et particulièrement vulnérables face au piétinement, aux chiens et à la destruction involontaire.
L’équipe de la réserve assure un suivi au printemps et en début d’été pour recenser les couples nicheurs et protéger les nids les plus vulnérables. Des panneaux de sensibilisation sont présents à chaque entrée de plage à la Pointe de l’Aiguillon afin de sensibiliser les promeneurs à la présence du gravelot.
Le programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Commun)
Ce suivi national, coordonné par le Muséum National d’Histoire Naturelle, a été mis en place en 2004 sur la réserve. Il vise à évaluer les variations spatiales et temporelles de l’abondance des populations nicheuses d’oiseaux communs. Trente points sont répartis sur la réserve et l’Arrêté de protection des habitats naturels de la Pointe de l’Aiguillon. Au cours de deux passages annuels, l’ensemble des oiseaux vus et entendus sont relevés pendant 5 minutes sur un point fixe.
Suivi des oiseaux d’eau nicheurs en périphérie de la baie
Des sites en périphérie de la Réserve naturelle nationale de la baie de l’Aiguillon sont favorables à la reproduction de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau : limicoles, laridés, anatidés, etc. Il s’agit de bassins d’eau douce et d’eau de mer créés par zones d’emprunt de matériaux nécessaires à la construction des digues, mais également d’un ancien bassin ostréicole.
Un suivi a donc été mis en place en 2022 afin d’estimer un nombre d’oiseaux nicheurs par espèce et par site. Échasse blanche, Avocette élégante, Petit gravelot, Chevalier gambette, Vanneau huppé, Canard colvert, Canard chipeau, Sterne pierregarin, Foulque macroule, Tadorne de Belon et Cygne tuberculé font partie des espèces ayant nichées sur les sites suivis en 2023.
Macrofaune benthique
Le macrofaune benthique regroupe tous les organismes invertébrés mesurant plus de 1mm et visibles à l’œil nu (hydrobies, scrobiculaires, vers polychètes, etc.). Dans le cadre d’un suivi national (OPNL-RNF), la baie de l’Aiguillon fait l’objet d’échantillonnage sédimentaire sur la vasière, en 5 stations (Vendée et Charente-Maritime) depuis 2014. Ce suivi permet d’appréhender la diversité spécifique et l’abondance des espèces et de suivre l’évolution des différents habitats de vasière.
Une autre étude est menée annuellement par le LIENSs (Université de La Rochelle) depuis 2004, sur la baie de l’Aiguillon (secteur Charente-Maritime), avec des prélèvements sédimentaires tous les 250 m, dans le but d’étudier l’évolution temporelle et spatiale de la macrofaune benthique servant de ressources alimentaires aux oiseaux d’eau. Un carottage réalisé en 2003 sur l’ensemble de la baie a permis de dresser une cartographie des habitats benthiques (différents types de vasières). Cette dernière a été mise à jour durant l’hiver 2023/2024.
Scientifique en train de tamiser la vase.
Crédit photo : Réserve naturelle nationale de la baie de l’Aiguillon
Poissons
L’équipe de la réserve mène des suivis scientifiques afin d’évaluer la capacité de nourricerie des prés salés pour les poissons au cours du temps. Le rôle de nourricerie représente la capacité du milieu à servir de refuge et de zone d’alimentation d’un nombre important de jeunes poissons de différentes espèces. Ces zones peu profondes et recouvertes à marée haute sont riches en proies et peu accessibles pour les prédateurs (gros poissons).
Tous les deux ans et lors de 3 sessions (mai, juillet et septembre), des filets sont placés en travers d’un chenal pour capturer les poissons. Disposés les uns derrière les autres, ils permettent de piéger les poissons qui suivent la marée descendante vers l’océan.
Des relèves sont réalisées toutes les 20 minutes jusqu’à marée basse. Les individus capturés sont identifiés, mesurés et pesés. Tous les poissons sont remis à l’eau et seuls quelques individus, de très petite taille, sont conservés pour des analyses en laboratoire dont l’objectif est d’analyser les contenus stomacaux.